Depuis un mois, le mercure oscille autour de zéro degré, la neige tombe, les ruisseaux se figent en langue de glace géante, le soleil se cache, et les ruchers sont plongés dans une torpeur inquiétante. Et pourtant, assis au coin du feu à contempler les flocons dégringoler du ciel, on (les apiculteurs) se réjouit de cet hiver qui n’en porte pas que le nom. La neige et les températures négatives sont de retour : une aubaine pour les colonies.
Pourquoi ? Parce que plus la température baisse, plus elles ralentissent leur activité jusqu’à se mettre quasiment en pause. Elles stoppent bien sûr l’élevage et donc la propagation de leur principal ennemi : le varroa. Ce petit acarien est la principale cause de mortalité des colonies aujourd’hui.
Mais alors, comment luttent-elles contre le froid ?
Les abeilles forment une grappe judicieusement construite qui leur permet de conserver et de faire circuler la chaleur produite 🔥. Les abeilles situées à la périphérie forment un « manteau » thermique qui limite les pertes. Plus il fait froid, plus il se resserre. Il protège le noyau central à partir duquel 15 % des abeilles utilisent asymétriquement leurs muscles de vol pour produire de la chaleur. L’activité est si intense qu’une abeille chauffeuse consomme presque plus d’oxygène qu’une butineuse en vol. Elle se limite donc à une trentaine de minutes d’exercice avant de céder sa place à l’une de ses sœurs. L’objectif est de produire suffisamment de chaleur au centre pour que les abeilles de la périphérie ne sombrent pas en léthargie, tombent sur le plancher, et meurent de froid. C’est ce qui se produit si une abeille est exposée plusieurs minutes à une température inférieure à 6 °C.
Pour limiter les pertes thermiques chez Houx, on a installé au-dessus du corps de la ruche (c’est-à-dire le volume dans lequel vivent les abeilles) une couche isolante en polystyrène et on a laissé un volume d’air qui apporte aussi une isolation thermique. Bien que les abeilles craignent plus l’humidité que le froid, les aider à réduire leur activité pour se réchauffer ménage leur organisme et leur consommation de provisions.
On leur a rendu visite vendredi 22 janvier pour s’assurer que tout allait bien. Globalement, on n’a rien vu d’anormal. Il faisait froid, gris, il pleuvait/neigeait, et pas une paire d’antennes dehors. Nous, on était bien trempés. On aurait pu y aller mardi, il faisait beau, mais on avait team building en luge 💁♀️💁♂️, chacun ses prios 😇.
Bon, ce mauvais temps nous a quand même empêché de fixer la plaque de la ruchette Houx. Ce sera fait lorsqu’on lui rendra de nouveau visite pour établir un premier bilan d’hivernage. Pourquoi une ruchette et non une ruche ? Tout simplement parce que le volume offert par la ruchette est moindre et le jeune essaim qui l’occupe n’a pas besoin de dépenser autant d’énergie pour réguler la température intérieure que dans une ruche. En mars, lorsque la population aura triplé, on le transférera dans une ruche classique.