La visite post hivernale se prépare avec beaucoup d’appréhension et de questions. La colonie était-elle suffisamment populeuse, les réserves suffisamment importantes, les prédateurs extérieurs ont-ils fait des dégâts, les abeilles sont-elles en vie, ont-elles repris leur activité ? Ces questions nous tracassent jusqu’à ce qu’on constate avec beaucoup de soulagement le va-et-vient sur la planche d’envol des abeilles les plus téméraires. L’appréhension laisse alors place à l’excitation et on se projette déjà dans la saison apicole en imaginant les futures récoltes que pourra faire Phacélie.
On est le 4 février et a défaut de pouvoir ouvrir la ruche, nous allons nous contenter de surveiller la consommation du bloc du sucre (le candi) posé au-dessus du corps de la ruche. Les abeilles y accèdent directement depuis leurs cadres par un trou prévu a cet effet dans la plaque en bois supérieure. On soulève donc le toit et … « ah oui quand même, elles ont pratiquement terminé leur complément, il faut qu’on repasse dans quelques jours ». Sans ça, elles risquent la famine et ce serait la fin de la colonie (c’est arrivé à 1% de l’ensemble de nos ruches). On profite aussi de cette intervention pour réaliser un dernier traitement contre le varroa et libérer les abeilles de ce fléau avant le début de la saison. On utilise l’acide oxalique qui est un produit naturel.
9 février, passage ravitaillement avec 2 kg de candi supplémentaires.
25 février, 1ere transhumance de l’année ! Oui, on a débuté tôt cette année pour déplacer les ruches de la plaine vers le massif des Alpilles. Ceux qui nous suivent sur Instagram savent qu’on est allés repérer la semaine précédente les plus jolis coins à romarin et les terrains sur lesquels installer les abeilles (d’ailleurs, pour en proposer partout en France, ce formulaire fonctionne toujours). On a pris soin d’attendre que toutes les habitantes de Phacélie soient rentrées à la maison, on a fermé la porte à 20h, chargé la ruche dans la foulée dans le fourgon, attendu 1h nos pizzas, mangé au volant (le comble), roulé 1h, et à 22h30 on a débuté l’installation sur le nouvel emplacement. A trois ça va très vite, mais comme il y a 3 endroits différents, ça prend un peu de temps.
Nous y sommes retournés le lendemain pour faire une rapide inspection intérieure. Quel spectacle ! Au milieu d’un champ d’olivier, à quelques mètres des amandiers en fleurs et des buissons de romarin en début de floraison, elles bourdonnaient de plaisir sous un soleil radieux. Nous, on était forcément très contents de leur offrir de pareilles ressources 😃. En 2 semaines, la croissance s’est accélérée de manière fulgurante. A l’ouverture, on est attentifs au comportement des abeilles, à l’aspect des cadres, aux provisions restantes, à la qualité et quantité du couvain, et enfin à la reine.
L’élevage des jeunes abeilles (couvain) a repris et les réserves de miel diminuent rapidement. Les apports de nectar des amandiers et du romarin vont être déterminants. La reine est en forme, le couvain est très joli, et la population va exploser dans les jours à venir. Ces jeunes abeilles joueront le rôle d’architecte d’intérieur pour finaliser la construction et la réparation des 10 cadres dans lesquels la reine pourra pondre. D’ici 2 ou 3 semaines, on ajoutera une hausse (compartiment supérieur) pour leur donner de la place et on espère que les abeilles réussissent à y stocker un surplus de miel. Ce serait une grande première pour nous que de récolter du miel de romarin.