Les abeilles, une espèce en voie de disparition ?
Depuis le 30 septembre 2016, les abeilles sont officiellement considérées comme des espèces en voie de disparition par The United States Fish and Wildlife Service. Un état de fait qui devrait d’autant plus nous alerter sur le fait que les abeilles ont un rôle très important dans la nature. Selon cet organisme américain, si rien n’est fait pour les protéger, cette hécatombe au niveau des abeilles pourrait avoir des répercussions désastreuses sur l’humanité.
Quelles sont les causes de leur disparition ?
Elles sont nombreuses et plus ou moins bien identifiées.
Les produits phytosanitaires
En première ligne et de manière indiscutable, l’utilisation des produits phytosanitaires en tout genre (insecticides, pesticides, herbicides, etc.), qui détruit des ruchers entiers. Lorsque les abeilles butinent, les produits qu’elles ingèrent affectent leurs capacités d’orientation, leur système nerveux et leur capacité physique ; les abeilles désorientées, voire incapables de voler, ne parviennent plus à rejoindre leur ruche. Et quand bien même elles y arriveraient, les apiculteurs les retrouveraient mourantes sur les planches d’envol. C’est l’exemple de Christophe Nedelec qui, début mai 2017, a trouvé ses colonies mourantes suite à un traitement dans un champ voisin de son rucher.
La star de ces herbicides : le fameux roundup. Il est consternant de voir Monsanto oser affirmer sur son site internet que « le produit ne comporte pas de risques pour les abeilles et la faune sauvage si les précautions d’usages de l’étiquette sont correctement respectées ». C’est un pur mensonge servant leur campagne de propagande pour vendre toujours plus de roundup ! Le cas d’apiculteurs ayant perdu toutes leurs colonies suite à un traitement au roundup effectué dans le voisinage est loin d’être anodin. Les abeilles collectant la rosée matinale ingèrent le traitement et meurent en quelques minutes.
Les parasites et prédateurs
Viennent ensuite divers parasites dont les deux plus connus sont le varroa et le frelon asiatique. Leur seul point en commun ? La destruction de colonie. Le mode d’action n’est absolument pas le même mais le résultat, lui, l’est. Alors que le varroa affaiblit et transmet des maladies aux larves et aux abeilles au point de faire s’effondrer l’intégralité de la ruche, le frelon asiatique, plus brutal, découpe les butineuses pour se nourrir. Il n’hésite pas à pénétrer à l’intérieur de la ruche, ne laissant alors aucune chance au reste de la colonie. Ces deux parasites ont causé d’importants dégâts ces dernières années, mais le plus grave reste à venir puisque le varroa devient résistant aux traitements et que de son côté le frelon asiatique poursuit sa conquête du territoire français. 2017 est déjà l’année qui a vu le premier nid de frelon apparaître en Savoie !
Deux varroas tombés sur le sol de la ruche et placés sur le “pouce d’un gant”.
Le climat
Enfin, comment passer à côté des bouleversements climatiques qui nous privent de véritables hivers depuis quatre ans, qui ruinent le printemps avec des vagues de froid et de pluies violentes. Un apiculteur rencontré ce week-end du côté de Grenoble nous a fait part de la catastrophe qu’il a vécu cet hiver. « Mes ruches sont situées en altitude, à 1 400 m, mais il n’y a pas eu de neige cette année et avec ces températures, on a eu de la pluie. Les rares fois où il y avait de la neige, elle était fondue le lendemain. C’était trempé de partout, les ruches étaient comme des éponges. Et quand on a ouvert, la mort, la mort de partout ! 80 ruches sur 200 … Imaginez un peu. Je voulais développer mon rucher, je dois déjà le reconstruire. » Témoignage qui nous rappelle le printemps difficile que nous avons aussi vécu, dans une moindre mesure fort heureusement.
État des lieux
L’abeille fait partie de la faune très sensible de notre environnement. Notre univers se charge jour après jour, année après année en insecticides, en herbicides et particules nocives pour le développement de la vie ; la flore actuelle n’est plus celle d’il y a 20 ans. Les sources nectarifères ne sont plus aussi abondantes, les pollens ont perdu en qualité et en diversité. Résultat : les abeilles actuelles sont considérablement affaiblies et voient leur espérance de vie diminuer. Pour la reine par exemple, sa durée de vie en production était supérieure à 3 ans au début des années 2000 ; aujourd’hui, elle dépasse à peine les 2 ans. Certains professionnels commencent même à les remplacer tous les ans. Alarmant !
« A la fin des années 90, notre grand-oncle qui ne renouvelait pas les reines de ses colonies et les laissait évoluer le plus naturellement possible produisait entre 40 et 60 kilos par ruche. Comment expliquer qu’aujourd’hui, ces mêmes ruches arrivent à peine à faire 15 ou 20 kilos ? Nicolas & Gaëtan ». Chute de la production de miel en 2016.
Heureusement, les mentalités évoluent et diverses actions en faveur des abeilles laissent à penser que nous prenons le bon chemin. Parmi elles, deux mesures fortes :
- La première : l’interdiction de vente du Roundup de Monsanto dans les jardineries par Ségolène Royal en 2015.
- Et plus récemment, le bannissement des insecticides de la famille des néonicotinoïdes à partir de Septembre 2018.
Avec de telles mesures, on peut espérer ne plus avoir des taux de mortalité de 30% sur certains ruchers et se rapprocher des 5% des années 90. C’est d’ailleurs à cette date que les cubains ont décidé d’abandonner les pesticides, depuis leurs ruches sont trois fois plus productives et le taux de mortalité n’est que de 3%.
Existe-t-il des solutions pour sauver les abeilles ?
Oui, il existe des solutions très concrètes pour protéger les abeilles. S’il est vain d’enrayer seul les changements climatiques il est en revanche possible d’offrir un environnement plus favorable aux abeilles.
Petit tour d’horizon des actions concrètes que l’on peut mener depuis chez soi :
- Proscrire l’utilisation de tout pesticide. Il s’agit tout simplement ici ne pas empoisonner les abeilles. On évite aussi que ces substances ne se retrouvent dans le nectar des fleurs et soient ensuite transformées en « miel ».
- Installer des plantes mellifères. Les abeilles ont de plus en plus de mal à trouver de la nourriture en fin d’été. Pour les aider, on peut cultiver des plantes mellifères qui fleurissent du printemps jusqu’à l’automne. Cela permet d’offrir des sources de nectar fortement appréciées lorsque l’environnement local en est dépourvu.
- Accueillir une ruche. Vous avez la chance d’avoir un peu de place pour installer une ou deux ruches ? Pourquoi ne pas vous lancer ? Attention, on ne s’improvise pas apiculteur. Rapprochez-vous d’un rucher-école ou d’une association de passionnés. Le rucher pédagogique des Mines d’Alès a d’ailleurs été créé dans cet optique. Prenez aussi le temps de vous documenter sur internet. Ce blog vous accompagne dans l’installation de votre rucher et la gestion mensuelle de celui-ci.
- Parrainer une ruche. Vous n’avez ni la place, ni le temps, ni l’envie de vous lancer dans la gestion de ruches mais la sauvegarde des abeilles vous tient à cœur. Le parrainage de ruches est donc fait pour vous ! C’est comme si vous aviez une ruche, soit 50 000 abeilles, mais vous n’avez pas besoin de vous en occuper. Pas de contraintes ni d’obligations, et c’est un énorme coup de pouce pour l’espèce et la biodiversité. De plus, vous récupérez chaque année une partie de la production de votre ruche. En savoir plus