Fans incontestables de la quiche, Jérémie Lesoudier et Quentin Kozyra se sont rencontrés sur les bancs de l’école. Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour qu’ils décident d’ouvrir leur propre restaurant dédié à leur plat préféré : Maison Quiche. Animés par la volonté de mettre la France à l’honneur, ils proposent ainsi un concept food innovant, en plus de s’inscrire dans une démarche éthique et responsable.

À quelques semaines de l’ouverture de leur premier établissement au 28 Rue Léopold Bellan (Paris, 2ème), ils ont lancé leur campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank, avec pour objectif de rendre le lieu encore plus spécial. L’occasion pour tous de rejoindre l’aventure Maison Quiche en devenant une Quicha ou un Quicho !

Nous les avons rencontré tous les deux afin de leur poser des questions sur leurs parcours et leur projet.

Jérémie Lesoudier et Quentin Kozyra

Quentin Kozyra (à gauche) et Jérémie Lesoudier (à droite) devant leur tout premier restaurant à Paris.

Bonjour Jérémie et Quentin, pouvez m’en dire un peu plus sur vous et vos parcours respectifs ?

Quentin : Je m’appelle Quentin (alias “Quicho Designer”), j’ai 26 ans et suis originaire de la région parisienne. Mon parcours scolaire est assez marrant. Au départ, je voulais être professeur d’histoire. J’ai donc intégré une licence d’histoire à la Sorbonne (Paris), et tout se passait bien. A côté des études, j’étais surveillant dans un collège et ai ainsi pu découvrir le métier de professeur. Je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas du tout ce que je voulais faire ! J’ai fait le choix de me rediriger vers un Master en Data Marketing à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. A la fin de ce dernier, j’ai voyagé en Amérique du Sud, entre autres, et réalisé que j’avais plutôt envie d’entreprendre et de lancer ma propre entreprise. J’ai donc décidé de faire une année d’études en plus, au sein d’une école de commerce cette fois-ci (Grenoble Ecole de Management). C’est donc en 2018 que je suis arrivé à Grenoble en Master Spécialisé Entrepreneuriat, et ai rencontré Jérémie. Nous avons sympathisé et nous sommes rendus compte très vite que nous aimions la quiche tous les deux.

Jérémie : Je m’appelle Jérémie (alias “Quicho Maniac”), j’ai 24 ans et suis originaire du Sud de la France. Après mon baccalauréat, j’ai fait une prépa intégrée et une école de commerce à Bordeaux (KEDGE Business School). Au bout de deux ans, j’ai eu envie de m’orienter vers un double diplôme en finance de marché à Madrid, en Espagne, où j’ai vécu pendant 1 an et demi. Cet échange au sein d’une université étrangère m’a beaucoup plu ! Ensuite, pendant ma césure, j’ai fait un premier stage en centrale d’achat, en tant qu’acheteur junior, et un second en tant que product manager, toujours dans la grande distribution (à savoir que je baignais dans ce milieu depuis l’âge de 13 ans). En août 2018, j’ai intégré, comme Quentin, le Master Spécialisé Entrepreneuriat à GEM. Au départ, j’avais pour ambition de partir faire un tour du monde de la grande distribution (au sens large), et ce pendant 7 mois. Cependant, après avoir discuté avec Quentin de notre passion commune pour la quiche, j’ai mis cette idée de côté et développé le projet Maison Quiche en parallèle des cours avec lui.

Comment vous est venue l’idée de créer Maison Quiche ?

Quentin : Le projet Maison Quiche est parti d’une histoire bête entre étudiants. Jérémie et moi sommes arrivés à Grenoble en même temps, et avions un petit appartement étudiant chacun de notre côté. Dans ce genre d’appartements, les cuisines ne sont pas très grandes et il faut faire un choix entre le four et le micro-ondes. Ainsi, j’ai choisi le micro-ondes, et Jérémie le four.

J’ai donc demandé plusieurs fois à Jérémie si je pouvais venir faire cuire mes quiches chez lui, sachant que je n’avais pas de four à ma disposition et que j’adore ça. Ce à quoi il a pu me répondre “Chez moi, ce n’est pas une quicherie !” (rires). Un soir, nous sommes allés boire des verres ensemble et nous sommes dit que ce serait mortel de manger des petites quiches sous la forme de tapas. L’alcool a un peu fait son effet, et nous avons commencé à déplorer le manque d’endroits cools pour manger des quiches (de qualité) en France, etc. C’est comme cela que le concept Maison Quiche est né !

Pouvez-vous me présenter Maison Quiche en quelques mots ? Et pour quand est prévue l’ouverture ?

Jérémie : Maison Quiche est un concept mono produit autour de la quiche. Il s’organise sur un double concept : le midi est dédié à la restauration rapide autour de quiches d’exception, tandis que le concept se transforme en bar à quiches le soir, où ces dernières sont accompagnées de bières, de vins, et autres boissons exclusivement locales et/ou françaises. Par ailleurs, Quentin et moi sommes ultra chauvins. Nous voulons donc que Maison Quiche soit à notre image ; nous favorisons les produits français et le circuit court au maximum, notre carte est bio à 70%, … Pour cela, nous travaillons avec différents partenaires et associations, choisis avec soin.

L’idée est de créer tout un lieu, et pas seulement vendre des quiches. Nous allons tout donner pour montrer que la quiche peut plaire, que c’est un produit “fun”. L’objectif est donc de permettre aux gens de manger des quiches dans un endroit cool et un cadre français, sans pot d’échappement ou autres aux alentours.

En conclusion, Maison Quiche est une vraie philosophie. Nous sommes actuellement en train de finaliser les travaux pour le premier restaurant. L’ouverture est prévue pour le mois prochain (août 2020) !

Maison Quiche

Quid de l’organisation dans l’entreprise ?

Quentin : Pour commencer, nous ne sommes que tous les deux mais avons pour ambition, à terme, d’embaucher d’autres personnes avec nous. En effet, si le projet fonctionne, nous aimerions pouvoir nous détacher du premier restaurant pour nous rendre dans un autre. Notre objectif est donc davantage de développer le concept et de toujours être opérationnels, plutôt que de devenir restaurateurs.

Quels sont les engagements et les valeurs que vous souhaitez véhiculer à travers votre restaurant ?

Comme nous avons pu l’évoquer précédemment, nous mettons un point d’honneur à travailler avec des produits français, etc. Ainsi, nous essayons d’être le plus éthiques et responsables possible. En effet, selon nous, le 100% français va de pair avec l’idée de réduire l’impact écologique de la restauration.

Par conséquent, nous nous inscrivons dans une démarche éthique, notamment en travaillant avec des artisans français qui ne comptent pas leurs heures. Nous avons tenu à rencontrer ces derniers, voir comment ils travaillent, etc. La dimension écologique fait également partie intégrante de notre projet. Nous avons recours à des matières recyclées, telles que le papier, le carton ou encore le plastique (recyclé, bien évidemment). Nous voulons réduire au maximum l’emballage tout en préservant l’aliment ; c’est le cas pour les quiches en mode “snack”, par exemple.

Nous avions également à cœur de proposer un système de consigne au sein de notre restaurant et nous sommes ainsi tournés vers RECONCIL (Réseau d’Emballages Consignés Citoyen et Local). Cela rend l’organisation un peu différente, mais ce choix était important pour nous. Nous avions également pensé à un système de compostage, mais l’idée est encore à approfondir. Nous voulons encourager les gens au recyclage, et sensibiliser les personnes qui viendront travailler avec nous par rapport à cela.

Enfin, tous nos produits merchandising (ou contreparties) sont en coton bio, fabriqués et transformés en Belgique.

Pourquoi “Maison Quiche” ?

Quentin : Nous avions pensé au départ à French Quiche, mais ce nom avait déjà été déposé. Jérémie et moi sommes deux passionnés du jeu de mots, et tenions à toujours garder ce côté France. Nous nous sommes donc inspirés des maisons de couture, à savoir que, lorsque l’on travaille la quiche, il faut rester second degré. Maison Quiche, c’est pour “La Maison de la Quiche”, ce qui collait bien avec notre idée.

Vous avez lancé votre campagne de financement sur KissKissBankBank une semaine auparavant (fin juin 2020), quels sont vos objectifs ?

L’argent récoltée va principalement servir à financer l’aménagement de la terrasse (utilisable toute l’année), ainsi que toutes les installations qui permettent d’améliorer l’expérience Maison Quiche, comme un vidéo projecteur, un système audio d’exception, etc.

Cette campagne, qui se déroule plutôt bien, est également le moyen pour nous d’inclure les gens dans notre projet. Ce dernier a pour vocation de s’exporter à l’étranger, et donc promouvoir la culture française.

Maison Quiche

Avez-vous rencontré des difficultés pour mettre en place votre projet ? Si oui, comment les avez-vous surmontées ?

Par rapport à d’autres projets, nous n’avons pas rencontré de problèmes exceptionnels.

Le premier problème auquel nous avons pu être confrontés est survenu lorsque nous travaillions en collaboration avec d’autres gens sur le projet. Nous avons eu beaucoup de mal à se mettre d’accord sur certaines modalités, et avons fait l’erreur de trop vouloir discuter et ne pas assez agir.

Un autre problème est, en quelque sorte, notre jeune âge qui nous force à prendre plus de temps, comprendre que nous sommes dans le vrai, etc. Nous avons fait face à quelques difficultés en raison de notre manque d’expérience et de qualification, à savoir que le métier de la restauration est très compliqué. De même, il n’a pas toujours été facile d’être légitimes dans ce projet et de montrer que nous étions les personnes de la situation, notamment auprès des banques ou différents intervenants avec qui nous avons pu échanger.

C’est beaucoup de petites choses comme cela, qui font partie de la vie d’entrepreneurs au final. Se rendre légitimes aux yeux de tout le monde n’était vraiment pas évident, la demande d’emprunt s’est avérée difficile mais nous avons réussi à le faire. Nous avons eu quelques déboires au niveau de l’administration, qui a engendré un retard assez conséquent vis-à-vis de notre projet. Ensuite, il y a eu la Covid-19, qui nous a mis à mal et en même temps sauvé niveau timing. Nous avons eu la chance d’être bien suivis et épaulés dès le départ, et avons donc vécu cette période d’une manière douce.

Entreprendre à deux, bonne ou mauvaise idée ?

Quentin : Si nous n’avions pas été deux, Maison Quiche n’aurait sûrement jamais existé. Travailler à deux, c’est donner son point de vue en étant toujours bienveillant et respecter l’autre, expliquer ce que l’on pense, être le plus pédagogue possible, connaître les forces et faiblesses de chacun, etc. Cela fait presque 2 ans que nous passons nos journées ensemble (hors Covid), et nous habitons dans le même appartement depuis plus d’un an maintenant avec deux autres colocataires. Il suffit que l’un de nous deux ne soit pas en forme pour que l’autre le remotive et inversement, ce qui permet de mieux gérer les montagnes russes de l’entrepreneuriat. Nous nous comprenons mutuellement, tous mes problèmes sont les siens, et vice versa.

Jérémie : Avec Quentin, nous avons cette facilité à vraiment exposer notre vision des choses chacun notre tour lorsque nous sommes en désaccord. Nous sommes tous les deux des compétiteurs, mais savons également mettre nos égos de côté. Nous étions presque associés avant d’être vraiment amis, le projet avant tout en quelque sorte. Comme nous vivons ensemble, nous pouvons échanger à tout moment, parler de travail puis de tout et n’importe quoi. J’avais aussi cette peur-là au départ mais, aujourd’hui, je dirais aux gens dans la même situation que moi de foncer. Nous avons vécu des moments un peu compliqués et lourds à deux, et su discuter de manière rationnelle pour retomber sur nos pattes à chaque fois. Je suis content que nous ayons fait le choix d’entreprendre à deux, car c’est une vraie force selon moi.

Est-ce qu’il est difficile de concilier vie étudiante et vie d’entrepreneurs ?

Quentin : Non, pas vraiment. Comme nous étions dans un Master dédié à l’entrepreneuriat, nous avons pu créer le projet presque entièrement dans le cadre de nos cours. Je pense que le plus difficile est de poursuivre et concrétiser le projet à la fin des études.

Jérémie : Nous avons eu la chance d’être ultra soutenus et poussés par notre équipe pédagogique. Il y a beaucoup de personnes qui se lancent dans des projets pendant leurs études, puis décident de travailler un peu et reprendre leurs projets plus tard. Dans les faits, le pourcentage à réellement le faire est ultra faible. Les études nous ont permis d’avancer, de nous poser les bonnes questions, etc. C’est vraiment un plus !

Avez-vous des projets pour le futur ?

A la base, nous voulions lancer le premier restaurant à Bruxelles, ou au sein d’un pays étranger du moins. Or, les choses ont fait que nous sommes venus à Paris, mais nous avons pour ambition de dupliquer le concept dans le futur, et éventuellement de franchiser la marque sur le court et moyen terme. Notre idée de départ est donc d’amener un bout de France à l’étranger, via différentes perspectives de développement.

Auriez-vous un conseil à donner pour quelqu’un qui souhaiterait se lancer ?

Au début, quand tu te lances, tu ne sais pas par où commencer, ce que tu dois faire, … Tu as un business plan et tu te dis “Je fais quoi maintenant ?”. Notre conseil : fonces ! Il ne faut pas hésiter à appeler des gens, demander des conseils à d’autres entrepreneurs, savoir comment ils ont fait, par quoi ils ont commencé, etc. C’est comme cela qu’un projet se construit petit à petit. Il faut se donner la chance de réussir mais aussi d’échouer. En effet, même si ton projet n’est pas un succès, il te reste un grand nombre d’années pour trouver ce qui te fait vibrer et recommencer.

Notre concept nous faisait rire, ce n’est pas commun. Nous prenons beaucoup de plaisir au quotidien, nous faisons les choses de la meilleure manière possible et nous impliquons beaucoup … C’est la clé de notre motivation !

Maison Quiche enseigne

Pour aller plus loin

Vous pouvez suivre l’aventure de Maison Quiche sur FacebookInstagram et LinkedIn.

Découvrez l’aventure de …

Nathan, jeune entrepreneur qui révolutionne les vêtements outdoorGérard, sportif accompli qui participe à la vie de la ferme familiale