Après de nombreuses années à travailler dans la communication et les médias en région Parisienne, Grégory Coll a pris la décision de changer de vie pour devenir coutelier en Ardèche.

Nous l’avons rencontré afin d’en savoir plus sur son parcours et ce choix !

Couteaux Grégory Coll

Des réalisations de Grégory, fabriquées dans son atelier en Ardèche.

Bonjour Grégory, peux-tu m’en dire un peu plus sur toi et ton parcours ?

Je m’appelle Grégory Coll, j’ai 42 ans et suis originaire de Marseille. J’ai validé un Master en communication globale à Paris, durant lequel j’ai eu l’opportunité de faire un stage de 6 mois au sein d’une agence de publicité. Je suis resté 6 mois de plus là-bas, avant de basculer dans l’une des plus grandes agences média de France où je me suis rapidement spécialisé dans le digital.

Je m’occupais principalement des campagnes de publicité qui touchaient de près ou de loin à internet, et faisais également de la recommandation stratégique ainsi que de l’achat d’espace publicitaire (digital). J’ai rapidement quitté cette entreprise car je ne m’y sentais pas très bien. Par la suite, j’ai intégré une agence à taille humaine qui m’a fait confiance. Cette expérience m’a beaucoup apporté en termes d’autonomie.

Deux ans après, je suis entré dans l’énorme groupe mondial de communication qu’est le GroupM. J’ai gravi les échelons en très peu de temps, et ai fini par diriger une équipe de 10 personnes. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de mettre fin à ma carrière et devenir coutelier.

Pourquoi t’être tourné vers l’artisanat ?

J’ai travaillé pendant plus de 15 ans dans la communication et les médias. C’est en évoluant dans ce milieu que je me suis rendu compte qu’il n’était pas fait pour moi. Les années sont passées, et j’ai ressenti le besoin de faire des choses plus concrètes. J’ai toujours été attiré par les couteaux. Quand j’étais petit, mon père en avait un que j’ai toujours regardé. Lorsqu’il me l’a offert, il s’est passé quelque chose dans ma tête.

Je me sentais enfermé dans le milieu de la communication, j’avais le sentiment d’aller à l’encontre de mes valeurs et ressentais le besoin de faire quelque chose de mes mains. Afin de me conforter dans l’idée de changer radicalement de vie, j’ai rencontré un artisan, Thomas Espinosa, qui possède un tout petit atelier à Paris. J’ai trouvé très sympathique le fait qu’il accepte de m’accueillir dans ses locaux pour me montrer la fabrication d’un couteau de A à Z, les techniques à employer, etc. J’ai passé de très bons moments à ses côtés à découvrir ce métier, et c’est quelque chose qui m’a “branché”.

Par conséquent, j’ai rapidement cherché à quitter l’entreprise dans laquelle je travaillais à Paris pour partir habiter à la campagne avec ma femme (qui est intermittente du spectacle). Quitter la ville faisait partie de nos projets, et j’ai fait le choix de privilégier ma vie personnelle à ma vie professionnelle. Nous nous sommes donc tournés vers l’Ardèche, qui est une très belle région encore sauvage avec des personnes hyper humaines, et avons cherché une maison qui soit isolée sans trop l’être non plus. Comme j’ai négocié une rupture conventionnelle avec mon ancienne entreprise, j’ai pu investir dans la création d’un atelier de toutes pièces dans la dépendance, juste à côté de la maison. Le plaisir que j’ai à y travailler quotidiennement, je ne l’ai jamais trouvé dans les médias !

Couteau Grégory Coll

Est-ce que tu as créé ta propre marque de couteaux ?

Je n’ai pas vraiment de marque en tant que telle. Actuellement, mon seul relais de communication est Instagram, sous le pseudonyme gr3g_knives. Ce dernier est donc plus ou moins le nom de mon entreprise, mais ce n’est pas vraiment le plus important selon moi. En effet, ma priorité est la qualité des produits que je fournis.

Travailles-tu seul ?

Oui, mais c’est souvent le cas pour de très nombreux couteliers.

Quels sont tes engagements et/ou valeurs dans la production de tes couteaux ?

Le métier de coutelier est un métier où l’on travaille l’acier (qui n’est pas le matériau le plus “green” du monde”) ainsi que des consommables. Cependant, j’essaye au maximum d’acheter du bois local voire même d’en trouver autour de chez moi, même si les bois exotiques sont plus jolis. J’essaye d’agir à mon échelle, à travers des petits gestes.

Quels sont tes projets pour le futur ?

J’aimerais développer mon activité, et ainsi toucher de nouveaux clients. L’artisanat est énormément basé sur l’artisan en lui-même et la qualité de ses produits. Il faut que je fasses jouer mon réseau (famille, amis, etc.), ensuite mes produits parleront pour moi. Les réseaux sociaux jouent également un rôle important vis-à-vis de cet objectif. De plus, la France possède une belle collection de couteliers de qualité et de renom, j’aimerais donc réussir à me faire une place parmi eux.

En conclusion, mon ambition est de développer et pérenniser ce métier qui me plait. Je ne peux pas en vivre pour le moment, mais je suis sur la bonne voie et il faut continuer ! Cela ne fait que 2 ans que j’ai lancé l’activité, le temps fera la différence.

Couteau Grégory Coll

As-tu rencontré des difficultés pour mettre en place ton projet ? 

Je n’ai pas spécialement rencontré de difficultés. J’avais à coeur de partir vivre à la campagne, d’être plus proche de la nature. C’est un projet qui a mûri pendant plusieurs années et, de par mon changement de vie, il fallait quand même réfléchir suffisamment en amont. Il y a une certaine stabilité dans mon couple, donc les choses se sont faites assez facilement et simplement au final. J’ai l’impression que le “switch” (changement) s’est fait de manière complètement naturelle ! Depuis que nous habitons en Ardèche, nous sommes toujours aussi heureux et ne regrettons pas la vie en ville.

As-tu un conseil à donner pour quelqu’un qui souhaiterait entreprendre / se reconvertir ?

Mon premier conseil est de se lancer. Il faut mettre de côté toutes les peurs et les on-dits autour de soi. Personnellement, j’ai dû faire une croix sur un salaire important. Tout est une question de priorités ; je suis là pour être heureux, pas millionnaire. Il est aussi important de croire en soi et ses projets. Par ailleurs, si on est bien entourés, les gens sont là pour nous soutenir. Ainsi, mes amis ont été mes premiers clients !

Dans le cas d’une reconversion, il me paraît primordial de bien calculer les tenants et les aboutissants de ce changement de vie/métier. Il faut bien se renseigner, saisir l’opportunité de découvrir les choses de manière concrète et essayé de maîtriser l’environnement. Pour prendre mon exemple, je n’ai pas eu besoin de diplôme pour devenir coutelier. J’ai essayé de pratiquer au maximum, notamment pour voir ce qui me plaisait. Un autre défi à relever était celui de travailler seul plutôt qu’en équipe. Je pense qu’il faut avoir le courage mais également la folie de se lancer. Il est nécessaire de passer outre l’appréhension de l’inconnu et prioriser ses choix. Je n’ai aucun regret, et je ne me dis pas non plus que j’aurais dû le faire avant !

Couteau Grégory Coll

Pour aller plus loin

Vous pouvez suivre l’aventure de Grégory sur Instagram.

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