Gaëtan, apiculteur Confidences d'Abeilles inspecte un cadre de hausse

Nous sommes au début de l’été, la saison apicole bat son plein et reprend des couleurs après une quinzaine de jours pluvieux et frais. L’équipe de Confidences d’Abeilles a arrêté son choix pour la fin de saison : ce sera les Alpes du sud et ses champs de lavande pour l’un de ses ruchers. La transhumance qui semblait « simple » sur le papier va virer à l’épreuve de force.

Annecy le 25 juin 2020, 16h00.

Les derniers préparatifs sont sur le point de se terminer et l’équipe composée de Mickaël, Lorys, et Gaëtan s’apprête à prendre la direction du Château de Bourdeau où les premières ruches à déplacer les attendent. La météo est de la partie, c’est une bonne nouvelle, ils partiront légers et pourront compter sur la lune en pleine nuit. Voilà, l’imposante remorque est attelée, il est temps de partir.

17h00 : arrivée sur place

Ruches Confidences d'Abeilles au Château de bourdeau, miel local et français

Les 40 ruches sont situées sur deux emplacements différents au pied du Château. Elles forment une belle rangée rectiligne et facilement accessible sur le premier. Il faut néanmoins y accéder à pied ou avec le quad prêté par l’équipe du château. Le second emplacement se trouve en contrebas de la forteresse et ça descend plutôt fort pour y accéder. Hors de question de porter les ruches sur les 200 m en pente, il faudra utiliser le quad pour faire les aller-retours.

Ruches Confidences d'Abeilles situées au pied du Château de Bourdeau, miel de qualité

L’équipe commence par ouvrir les ruches. En théorie, le mauvais temps des dernières semaines n’a pas favorisé la rentrée de nectar, mais comme il fait beau depuis une semaine, il faut s’en assurer. Il n’est pas question de mélanger des saveurs de tilleul et de ronce à la légèreté de celle de la lavande. Verdict : théorie non vérifiée, il va falloir retirer un par un les cadres qu’elles ont commencé à remplir. Aie aie aie, ça va prendre du temps, ça prend du temps, beaucoup de temps, c’est même très très long et l’heure tourne. Mickaël et Gaëtan sortent les cadres, les brossent, et les donnent à Lorys qui se charge de remplir les hausses qui n’iront pas dans le sud. Ils remplacent ensuite les cadres par de nouveaux pour que chacune des ruches déplacées soit équipée d’une hausse (avec l’ensemble de ses 9 cadres) prête à être remplie par les abeilles dès les premiers retours des champs de lavande.

20h00 : l’équipe se scinde

L’équipe fait le point tout en préparant son repas du soir. Il reste encore une dizaine de ruches à ouvrir sur place, le quad est prêt, mais il faut rapidement se rendre sur le second rucher au nord de l’Isère avant que la nuit ne tombe vraiment. « Shake and drink », le repas FEED vient d’être expédié en moins de 2 mn et pas question de prendre plus de temps que ça. L’équipe a adopté ces repas en poudre ou en barre hyper efficaces lorsque les journées sont très longues, lorsqu’elle doit manger sur le terrain ou derrière le volant.

Lorys et Gaëtan prennent donc la voiture direction Dizimieu ou une quinzaine de ruches doivent être déplacées. Certaines feront partie de la transhumance, les autres seront laissées à Bourdeau. Pendant ce temps-là, Mickaël termine d’ouvrir les ruches et les rassemble sur le parking pour les charger au retour de la remorque.

21h00 : second rucher en vue

Après 1h de route le second rucher est en vue, il faut faire quelques manœuvres pour placer au mieux la remorque dans une allée qui ne permet pas de faire demi-tour. L’enfumoir est allumé en un temps record, les vérifications à faire sur une ruche rapidement expédiées et ça tombe bien puisqu’il commence à faire de plus en plus sombre.

21h30 : la nuit tombe

Coucher de soleil sur un rucher Confidences d'Abeilles, les apiculteurs peuvent fermer les ruches

Inconvénient du lieu : il faut porter les ruches en descente sur une centaine mètres. Pendant que Lorys termine de faire rentrer les abeilles et de fermer les portes, Gaëtan repère les colonies les plus légères et les apporte jusque sur la remorque. 7 aller-retours plus tard, les ruches restantes sont trop lourdes pour être portées seul, elles sont chargées une par une sur un diable. Comme le terrain est en pente et un peu accidenté, il faut être 2 pour éviter qu’elles ne basculent. Là aussi ça prend plus de temps que prévu sans compter que Lorys, pourtant équipé de sa tenue de protection, expérimente ses premières piqures.

22h00 : le drame

De son côté, Mickaël est en train de vivre une autre galère. Le quad sur lequel il comptait pour regrouper les ruches sur le parking refuse de redémarrer après avoir remonté les deux premières ruches (seulement) situées en contrebas du château. Une catastrophe, seul, il ne peut rien faire

23h30 : retour à Bourdeau

Lorys et Gaëtan viennent de finaliser le chargement et le sanglage des ruches sur la remorque, ils s’apprêtent à faire le chemin inverse pour aller retrouver Mickaël à Bourdeau. En attendant de l’aide pour déplacer les ruches, il prend de l’avance sur ses siestes et s’est endormi derrière les ruches.

1h00 : début de la galère

Après 1h30 de route, l’équipe est réunie et s’organise pour finaliser le chargement. Il y a 150 m de portage, il reste l’équivalent d’une tonne de ruche à charger ainsi que les hausses retirées en fin de journée. Gaëtan et Mickaël vont faire les rotations entre les supports et la remorque en déposant les ruches une à une pendant que Lorys va charger les hausses dans le véhicule.

Le groupe profite d’un ciel dégagé et d’une bonne luminosité pour se passer des frontales, ils ne portent pas non plus les tenues de protection qui complexifie énormément le travail de nuit puisque les mouvements sont moins aisés et la visibilité extrêmement réduite avec le filet devant les yeux. Il fait aussi vite chaud sous la vareuse et suffoquer dessous est hors de question lorsqu’il s’agit de faire autant d’efforts physiques. C’est donc en t-shirt casquette (pour éviter les abeilles dans les cheveux) qu’ils se mettent au travail.

Les muscles s’échauffent, les ruches s’entassent sur la remorque, le premier étage est complété, calé, et c’est reparti pour le second. La fatigue commence à se faire sentir, Mickaël et Gaëtan anciens skieurs ont l’habitude et l’endurent bien, ce qui n’est pas le cas de Lorys pour qui le travail physique de nuit est une première. « Ça avance Lorys ? lui demande Gaëtan en passant à côté de la pile de hausse qui trône encore au milieu du parking.

  • Je n’y arrive plus, répond l’intéressé.
  • Comment ça tu n’y arrives plus ? Qu’est ce qui bloque ?
  • C’est lourd et je fatigue.
  • Lourd ? interroge Gaëtan en chargeant deux hausses avant d’accompagner Mickaël pour un énième “porté” de ruche. »

Qui a dit que l’apiculture n’était pas une activité physique pour laquelle il fallait suer et donner de sa personne ?

3h30 : miracle mécanique

Transhumance des ruches chez Confidences d'Abeilles, miel de lavande

Miracle ! Un essai désespéré pour redémarrer le quad redonne du baume au cœur à l’équipe quand le moteur se met finalement à ronronner. Quel soulagement, il va leur éviter les 8 derniers voyages à pieds. Ce n’est pas vraiment le temps gagné qui compte, mais bien les bras qui commencent cette fois-ci à dire stop.

5h00 : chargement terminé

Transhumance en remorque chez Confidences d'Abeilles, direction le sud de la France pour les abeilles et la Provence

Voilà, c’est fait, c’est enfin chargé. Mickaël vérifie une dernière fois les sangles avant de prendre le premier relais au volant. Gaëtan entame ses premières 45 minutes de sieste, il prendra le second relais et ils alterneront ainsi pendant les 5h que dure le trajet. En partant beaucoup plus tard que prévu, ils rencontrent plus de circulation que prévu et les traversées de villes dans les Alpes du sud sont parfois peu évidentes avec une remorque de 2,60 m de large.

10h00 : grand soleil, 26°C, arrivée sur place

Transhumance chez Confidences d'Abeilles, arrivée sur les champs de lavande en Provence

C’en est terminé du trajet ! L’équipe vient d’atteindre le parc régional du Lubéron et ses champs de lavande qui sentent bon la Provence. On se réjouit, on ouvre les fenêtres, et on inspire à fond cette chaude atmosphère qui sent bon la sauge, la lavande, et l’anis !

Gaëtan part en éclaireur et suit les indications laissées par un collègue pour trouver l’emplacement. « Mick, Lorys, venez voir. Si c’est vraiment là, sur ce champ inaccessible en véhicule et situé a plus de 50 mètres du chemin, on est mal…

  • Il y a surement moyen de passer par ailleurs, répond Mickaël qui a déjà commencé à contourner un bosquet pour trouver une entrée salvatrice.
  • J’appelle le proprio pour savoir, enchaîne Gaëtan tout en composant le numéro. »

Bon, il va falloir changer les plans. Il est hors de questions de reporter les ruches sur si long après la nuit de chargement. Un autre terrain est disponible juste en dessous, mais les véhicules n’y sont pas entrés depuis un certain temps. L’équipe taille à la va-vite les branches, la remorque touche le sol au niveau de l’entrée et manque de se coincer, ils croisent les doigts, ouf ça passe. De toute façon, il n’y avait plus de choix, il commençait à faire chaud, trop chaud pour les abeilles. Il fallait très vite les décharger et les libérer.

10h30 : début du déchargement

Transhumance chez Confidences d'Abeilles, ruches installées dans le massif régional du Lubéron

C’est dans ces moments qu’il faut « poser le cerveau », ne pas réfléchir et exécuter rigoureusement. Le véhicule est installé au centre du terrain, Lorys place et cale les palettes en privilégiant les zones ombragées, Gaëtan et Mickaël déchargent 1,5 tonne de ruche. Sans pause et en écopant de quelques nouvelles piqures pour Lorys, l’ensemble est placé en 1h30 quand il avait fallu 4 fois plus de temps pour les charger. Disposer d’emplacements complètement accessibles en véhicule est d’une importance capitale.

12h30 : installées et libérées

Transhumance chez Confidences d'Abeilles, abeilles tout juste libérées envahissent la face avant de leur ruche

A l’ouverture des portes, plusieurs milliers d’abeilles viennent recouvrir la face avant des ruches non contentes probablement de retrouver leur liberté. Mickaël, Lorys, et Gaëtan sont en sueur sous leur vareuse, exténués, assoiffés et à court d’eau, mais soulagés d’en avoir terminé avec cette transhumance qui n’en finissait plus. Quelle récompense que de découvrir les premières abeilles butinant la lavande au moment de quitter le terrain.

Transhumance chez Confidences d'Abeilles, abeille butine un brin de lavande juste après l'ouverture des ruches

13h30 : le réconfort

Les 3 collègues n’ont plus qu’un seul objectif en tête : trouver quelque chose de bien consistant à manger pour reprendre des forces. C’est chose faite quelques kilomètres plus loin dans le restaurant d’un petit village. Même si les traits sont tirés et les courbatures bien présentes, ils sont contents d’avoir déplacé la quarantaine de colonies au milieu d’un environnement qui s’annonce très favorable à leur développement ainsi qu’à la production de miel.

Sieste technique sur la remorque pour les 2 conducteurs avant de reprendre la route et les relais.

19h : fin !

Clap de fin, les voilà de retour, 27h plus tard, au point de départ. Il reste un peu de rangement à faire avant de clore définitivement cet épisode de transhumance sur la lavande. Après ça, ce sera repos et récupération pendant deux jours.

Justine de Confidences d’Abeilles

Envie de prolonger l’expérience, envie de goûter le fruit de cette transhumance ? C’est ici pour le miel de lavande, et là pour le miel en rayon de lavande.

Découvrez l’aventure de …

Grégory, coutelier en Ardèche qui a décidé de changer de vie 🔄Nathan de NOSC qui veut faire du respect de la planète le sport le plus pratiqué. 🏃‍♂️
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