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Petite réflexion d’un apiculteur qui se demande quand est ce que les achats engagés remplaceront les cris des uns et les déclarations aberrantes des autres.

Étonnement ou pas, on aurait pu écrire exactement la même chose cette année que l’an dernier. Enorme spoiler pour 2023, on prend le même scénario et on accentue un peu plus les extrêmes. Le coup de chaud fin février, puis le refroidissement, puis chaleur au-dessus de la normale (d’ailleurs, c’est quoi la normale…), puis la neige à nouveau le 1er avril. Jouons aux différences, plus (+) de neige, moins de gel puisque les acacias semblent épargnés (sûrement la chance 🍀), moins d’eau, et plus de chaleur globalement.

Les journaux sont restés égaux à eux même : alarmistes, fustigeant les uns et les autres, empilant les reportages sur les rapports, et omettant au passage le plastique brulé entre les serres pour les chauffer. Ça vous choque ? C’est la réalité, mais on ne vous le dit pas, c’est pas beau (bon?) de manger des fraises-primeurs protégées au plastique brulé… et bonne dégustation surtout ! 🍓

champ de serre production légumes primeurs

Ce n’est pas la faute des gars et filles qui bossent comme des ânes jours et nuits pour sauver leur boulot, ni celle du climat, la faute c’est la NOTRE. Nous les consommateurs qui consommons de manière irresponsable des produits hors saison ou trop primeurs, nous qui cherchons les prix bas. Aux clients des hard-discounts : sérieusement… vraiment… posez-vous des questions. Qui aidez-vous en allant chez Lidl, Aldi, ou Leader price ? Pour le dire de manière très courte, c’est détruire la planète un peu plus vite à chaque achat sous prétexte d’un peu de pouvoir d’achat en plus. La destruction que vous alimentez à chaque achat vous coûte de plus en cher chaque année en confort environnemental (et ça va s’accélérer). Même chose pour ceux qui en grande surface « classique » visent des prix d’une incohérence grave. Pensez-vous vraiment qu’un pot de miel à moins de 15 € le kilo permet à son producteur de travailler correctement (et donc d’éviter les aberrations dont on parlait au-dessus) ? Scoop : non et c’est pousser des entreprises comme Famille Miquelquechose à importer des sirops chinois en Espagne, les stocker plus de 365 jours pour officiellement les considérer comme des produits européens, et vous faire avaler la quenelle. Et surtout, re-servez-vous en sirop, c’est pas cher !

Tout ça pour dire que les médias traditionnels sont là pour faire de l’audience, de la vue, les solutions on repassera, et qu’avant de s’offusquer de ci ou de ça, ou de crier que le rapport du GIEC blablabla… (oui oui, vous avez l’air bien malins sur LinkedIn 🤦‍♀️), t’achètes quoi pour commencer et comment ? Tu finances qui ou quoi avec ton pouvoir d’achat ? Elle est là, la solution. Il fallait qu’on le dise. Il existe Yuka pour savoir si c’est sain pour le corps, a quand le Yuka pour la planète ?!

Pour aller plus loin et comprendre l’impact de votre pouvoir d’achat, l’excellent épisode de Nicolas Chabanne – C’est qui le Patron ?! sur le podcast de Matthieu Stefani. Ça dure 3h, sûrement parmi les heures les mieux investies pour l’environnement.

Remarque et proposition de loi : toutes les grandes surfaces détiennent une partie de la solution, les marges devraient être plafonnées sur l’alimentaire.

la marque du consommateur c'est qui le patron

Et sinon, on vous parle des abeilles ? 😉. On passera sur la mortalité hivernale exceptionnelle (60-70%) en Savoie, Haute-Savoie, trop de mauvaises nouvelles.

On ne savait donc pas trop sur quel pied danser fin mars pour procéder à la traditionnelle visite de printemps, celle qui nous permet d’évaluer les colonies. « Un petit vent frais, on ouvre quand même, on fait vite, demain il fera beau 🤞 ». On observe l’ensemble, le comportement des abeilles, et les odeurs. L’expérience nous apprend à différencier une situation « normale » d’une problématique, c’est instinctif. Cadre par cadre, on évalue la quantité d’abeilles, de provisions, de couvain (l’élevage des jeunes abeilles), la présence des premiers mâles, et on cherche l’individu le plus important parmi 15 à 25.000 : la reine. En théorie elle est marquée avec un point blanc sur le dos. En pratique…50% l’était 😂 (on était allés trop vite à l’automne). On l’attrape donc pour la marquer et l’identifier plus vite la prochaine fois. Ça se passe comme ça 👇.

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L’objectif de la visite est également d’équilibrer CampanuleLis martagon avec ses voisines. Les plus fortes donnent des ressources aux plus faibles : des abeilles, ou des cadres avec des provisions ou de jeunes abeilles à naître. Oui, ça ressemble à une géante redistribution de ressources au milieu de millions d’abeilles, heureusement, elles sont sympas. Cette homogénéisation facilite le travail pour la suite de la saison, les unités seront dans le même état, pas de surprise à l’ouverture.

La ruche est restée quelques jours de plus au pied du Lubéron avant de gagner la région Lyonnaise pour profiter de la floraison des champs de colza. Une nuit de transhumance pour arriver non loin de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry. Depuis, les champs ont fleuri pour le plus grand bonheur des abeilles qui y trouvent du nectar et du pollen en quantité très abondante.

champ colza rucher association confidences d'abeilles

Un boost nécessaire pour soutenir l’importante croissance par laquelle la colonie doit passer si elle veut disposer de suffisamment d’ouvrières pour constituer les futures provisions (le miel notamment). La population passe de 10.000 individus à la fin de l’hiver à plus de 50.000 en juin. Ce sont les jeunes abeilles qui sont chargées de préparer la nourriture larvaire à partir du flux entrant de nectar. Elles la distribuent ensuite aux larves dans des proportions et une composition très précise selon l’âge de la larve. Cette dernière peut recevoir jusqu’à 1100 repas et être inspectée 7000 fois pour s’assurer qu’elle ne manque de rien (sur 8 jours seulement…). C’est ça « être aux petits oignons pour quelqu’un » !

ruches Campanule

Avec une telle accélération de la dynamique, il faut qu’on « suive » en offrant suffisamment de place (de rayons alvéolés) aux magasinières pour y stocker le nectar et le faire mûrir. C’est ce qu’on doit vérifier la semaine prochaine et on sera prêts à ajouter des hausses (compartiments) si nécessaires.

Partagez l’article, faites passer le mot, c’est en consommant différemment qu’on changera profondément les choses. En allant voter dimanche aussi !

Signé les abeilles un poil tendues 👊

Cadeau, un petit cliché en bonne qualité 👇 crédit photo Guillaume Cruz