Gros plan sur une abeilles portant des pelotes de pollen

Notre dernière visite d’automne est très importante puisque c’est à ce moment-là qu’on fait « le pari » de croire qu’une colonie va réussir à passer l’hiver sans encombre. Le constat que nous avons pu faire pour ce mois d’octobre 2019 est d’une part positif puisque ce début d’automne est beaucoup moins sec que l’an dernier. D’autre part plutôt inquiétant, car les colonies ne sont pas très populeuses et n’ont pas beaucoup de provisions.

Que font les abeilles ?

Les abeilles préparent leur colonie à passer l’hiver dans les meilleures dispositions possibles en élevant tout simplement celles qui vont leur succéder et en stockant un maximum de provisions. Les anciennes butineuses reviennent à la ruche avec les pattes chargées de belles pelotes de pollen. Il sert à élever les larves qui deviendront bientôt les abeilles d’hiver.

abeilles rentrant du pollen Abeilles rentrant dans la ruche avec du pollen.

Le rôle des abeilles d’hiver n’est plus de collecter des provisions, mais au contraire de limiter leurs efforts en prévision de la reprise d’activité au printemps. Elles vont donc vivre 4 à 5 mois, soit trois fois plus longtemps que leurs sœurs d’été.

Sur la planche d’envol, les gardiennes sont sollicitées pour protéger leur ruche et ses précieuses provisions. Un tel butin attire forcément la convoitise de celles qui trouvent plus simple d’aller se servir « à côté » plutôt que de butiner des fleurs. Parmi les intrus, on compte aussi la guêpe, le frelon, l’énorme papillon sphinx à tête-de-mort, les musaraignes, et bien sûr la fausse teigne. Cette dernière est particulièrement bien présente cette année et n’hésite pas à envahir des ruches encore peuplées. Elle creuse des galeries dans tout ce qu’elle trouve, perce les cadres, et en peu de temps de gros vers se développent. Seules les colonies suffisamment fortes en viennent à bout.

la teigne envahit la ruche Ici une colonie qui commence à être envahi par la fausse teigne.

Cette année encore, le varroa infeste largement les ruches et les affaiblit. On a pu l’apercevoir sur le dos des abeilles dans les colonies les plus touchées. Résultat : lorsqu’il pique les abeilles, il favorise la pénétration du virus CBPV (Chronic Bee Paralysis Virus) dont les signes les plus visibles sont l’apparition de la maladie noire. Sans traitement, elles s’affaibliraient et finiraient par mourir.

varroa ayant piqué une abeille sur le dosOn aperçoit ici un varroa ayant piqué une abeille sur le dos.

Globalement, l’heure est à la préparation du logis pour affronter l’hiver. Il s’agit d’optimiser la position de la grappe par rapport à la sortie, l’aération, et la proximité avec les provisions. Les alvéoles disponibles servent à engranger les dernières récoltes de nectar (luzerne, moutarde, lierre) et de pollen. Les entrées d’air non désirées sont calfeutrées avec de la propolis et des ponts en cire sont construits pour circuler de cadre en cadre.

Que fait l’apiculteur ?

Les belles journées d’octobre nous donnent encore l’opportunité d’ouvrir les ruches. On estime la force des colonies en tenant compte, du nombre d’abeilles, de la qualité du couvain et des provisions.

  • Si la surface de couvain est trop faible, on peut encore stimuler la ponte de la reine par un apport de sirop.
  • Si des cadres ne sont pas occupés par les abeilles, on réduit le volume utile de la ruche en ajoutant une partition.
  • Si une colonie est trop faible pour passer l’hiver, on la réunit avec une autre pour maximiser les chances de survie. Des signes tels qu’une activité très faible par rapport à ses voisines, peu de rentrées de pollen, des intrus non repoussés, un sirop de stimulation non consommé, doivent nous alerter. Il suffit de l’ouvrir pour confirmer les observations (la reine n’est plus là ou bien trop vieille, il y a moins d’un cadre de couvain, seulement trois ou quatre cadres occupés, c’est trop juste). L’union faisant la force, les abeilles réunies s’en sortiront beaucoup mieux ensembles. Elles aborderont le printemps moins épuisées et on pourra assez vite rediviser la colonie en 2.
  • On incline légèrement les ruches sur l’avant pour faciliter l’évacuation de l’eau de liquéfaction.
  • On bloque les portes d’entrées en position basse pour éviter que des intrus n’essaient de pénétrer dans les ruches.
  • On place un isolant entre le couvre cadre et le toit (vieux journaux, polystyrène, etc.).

Enfin, pour s’assurer que les abeilles disposent de provisions suffisantes, on peut peser ces ruches. A l’aide d’un pèse bagage qu’on modifie pour y ajouter un crochet, on vient le glisser à gauche puis à droite et on somme les 2 valeurs. L’approximation du poids permet de détecter rapidement les ruches trop légères. Par exemple, nos ruches comprenant 10 cadres en bois avec la cire et les abeilles pèsent 23 kg, avec un minimum de provisions de 15 kg elles doivent donc peser 38 kg à l’entrée de l’hiver (poids de la version plastique sans provisions : 19,5 kg). Si ce n’est pas le cas, il faut apporter un complément pour éviter la famine début 2020.

abeilles sur sauge de russie Des abeilles butinant encore la sauge de Russie en octobre.

En attendant les premières gelées, les abeilles profitent de derniers bains de soleil et butinent sans relâche les dernières fleurs de nos massifs. On est toujours aussi émerveillé que de les voir s’activer sans relâche.

On tourne sur le rucher !

Dans le cadre de l’action de soutien des abeilles proposée par notre Association Confidences d’Abeilles aux particuliers et aux entreprises, nous essayons de maximiser les synergies locales. Nous sommes donc entrés en contact avec Megapix’Ailes en début d’année. Ils nous ont alors fait part de leur envie de soutenir activement les abeilles en installant une ruche. L’équipe, composée d’une douzaine de personnes, réalise aussi bien des vidéos de présentation d’entreprise, que d’information produit, que de la couverture événementielle ou sportive. On a imaginé un partenariat avec cet acteur local et début octobre, l’Association Confidences d’Abeilles, recevait l’équipe de Megapix’Ailes pour une journée de « team building ». Au programme : formation théorique sur les abeilles, formation pratique avec la préparation d’une ruche, et formation terrain avec l’ouverture d’une ruche, l’installation d’un essaim, la recherche de la reine, et l’analyse santé. Le clou de la journée : la récolte de miel. Toute l’équipe a pu y participer et repartir avec son petit pot de miel frais. Ils ont profité de l’après-midi pour tourner des images sur le rucher qui nous serviront à illustrer ce que le soutien d’une ou plusieurs ruches signifie. On a hâte de partager ça avec vous. Sortie prévue sur les écrans d’ici peu !

tournage sur le rucher association confidences d'abeilles
L’équipe de Megapix’Ailes en pleine formation apicole.

L’équipe Confidences d’Abeilles 🐝🌸