rucher confidences d'abeilles en automne

Bien que le mois d’octobre ait été le mois le plus chaud jamais enregistré, il n’a pas permis aux colonies de se remettre de la saison compliquée qu’elles ont vécue. L’élevage de jeunes abeilles s’est poursuivi dans des proportions importantes jusque début novembre au détriment des provisions. Les réserves ne sont donc pas suffisantes pour leur permettre de passer l’hiver, il va falloir surveiller de près et compléter en continu. La neige, elle, a fait son apparition sur le haut des montagnes et la température commence à frôler le zéro sur les ruchers. Quelque rares courageuses ne sortent plus que lorsque le soleil brille et réchauffe l’air à plus de 12 degrés.

Que se passe-t-il dans la ruche ?

L’essentiel de l’activité de la colonie se concentre au cœur de la ruche où les abeilles s’apprêtent à hiverner. Elles forment une grappe judicieusement construite qui leur permet de conserver et de faire circuler la chaleur produite. Les abeilles d’extérieur forment un « manteau » thermique qui limite les pertes. Plus il fait froid, plus il se resserre. Il protège le noyau central à partir duquel 15 % des abeilles utilisent asymétriquement leurs muscles de vol pour produire de la chaleur. L’activité est si intense qu’une abeille chauffeuse consomme presque plus d’oxygène qu’une butineuse en vol. Elle se limite donc à une trentaine de minutes d’exercice avant de céder sa place à l’une de ses sœurs. L’objectif est de produire suffisamment de chaleur au centre pour que les abeilles de la périphérie ne sombrent pas en léthargie, tombent sur le plancher, et meurent de froid. C’est ce qui se produit si une abeille est exposée plusieurs minutes à une température inférieure à 6 °C.

La neige a fait son apparition sur les sommets

Un cœur chauffant couplé à un manteau d’abeilles jouant le rôle de couche isolante : voilà la grappe hivernale. Un système performant qui optimise la production de chaleur en l’adaptant continuellement aux nécessités du moment.  D’une part, le gaspillage des ressources est évité et d’autre part, le métabolisme des abeilles est préservé et leur longévité s’en trouve donc améliorée.

Impossible pour nous d’ouvrir les ruches sans bouleverser cet équilibre, on se contente donc d’observations extérieures.

Provisions et isolation

Il est impératif cette année de suivre la consommation des colonies. Une double demie-pesée avec un peson électronique donne une bonne indication du poids total de la ruche. On a donc mesuré un allègement moyen de 22% par rapport à l’an dernier, c’est énorme. Il nous falloir les nourrir en continu au cours de l’hiver pour espérer les voir s’en sortir.

nourrisseur pour les abeilles

Les nourrisseurs ont donc été enlevés…

candi sur le toit d'une ruche

et remplacés par des blocs de candi, un mélange de sucres sous forme de pâte.

Pour limiter les pertes thermiques au sommet du corps des ruches, on place une couche isolante en polystyrène et on laisse un volume d’air qui apporte aussi une isolation thermique. Bien que les abeilles craignent plus l’humidité que le froid, les aider à réduire leur activité pour se réchauffer ménage leur organisme et leur consommation de provisions.

Rangement et nettoyage

Les interventions sur les ruches se limitant à des vérifications extérieures, il est temps de ranger et de remettre en ordre ce qui n’avait pas été fait au cours de la saison. Les ruches ayant accueilli des colonies et qui n’ont pas survécu doivent être désinfectées pour recevoir de nouvelles habitantes dans de bonnes conditions sanitaires au printemps prochain. Les cadres de récolte du miel doivent être nettoyés et stockés correctement pour servir dès le mois d’avril (on l’espère cette fois 🤞). Il faut se méfier des insectes et des animaux qui pourraient trouver le garde-manger hivernal plutôt accueillant (teigne, musaraigne). Après ce remisage, on se retrouve avec de la cire à traiter : à la fois les opercules qu’on découpe au moment de la récolte, mais aussi la cire issue du nettoyage ou de la refonte des vieux cadres.

Traitement de la cire

Cire d’opercules et cire de cadres : 2 cires différentes, 2 qualités différentes, et des usages différents.

Mais d’abord, d’où vient la cire ?

Elle est synthétisée par 4 paires de glandes situées sur le « ventre » des abeilles âgées de 12 à 18 jours. Au départ, ce sont de toutes petites écailles presque translucides (1250 écailles pour faire 1 g) que les abeilles vont travailler avec leurs mandibules en y ajoutant au passage des caroténoïdes qui donnent cette couleur jaune or qu’on lui connaît. Elles utilisent du miel comme source d’énergie et il leur en faut entre 6 et 8 kg pour produire 1 kg de cire.

Abeilles accrochées les unes aux autres par les pattes

Ensuite, elles se donnent la main ou plutôt la patte et c’est accrochées les unes ou autres qu’elles construisent véritablement les rayons de haut en bas. Elles forment des chaînes avec un espacement régulier entre les abeilles et elles maintiennent une température de 35 degrés pour agréger facilement leurs écailles.

La cire de meilleure qualité est celle fabriquée chaque année par les abeilles pour operculer (fermer) les alvéoles contenant le miel mûr. Jaune clair, souple, et exempte de polluants, on la récupère lors de l’extraction du miel. Elle est prisée par le monde des cosmétiques et entre dans la composition de nombreux soins.

La cire de grattage ou des vieux cadres est plus foncée, plus cassante, et contient les traces de vie de la colonie. On peut y trouver des traces de polluants, de traitement, des spores de maladie. Elle est donc employée pour faire des bougies, des encaustiques, et des enduits.

L’équipe Confidences d’Abeilles