Feu bois

Incendies gigantesques en Australie entre septembre 2019 et février 2020, maladie virale née en Chine et devenue depuis une véritable pandémie qui menace autant la santé que l’économie, nous voilà rappelés à l’ordre et sommés de stopper nos activités. Demain sera différent, mais différent comment ? L’humanité va-t-elle continuer d’affronter la nature ou bien faire la paix et coopérer avec elle ?

« Le confort de la société de consommation nous a fait croire échapper à ce destin par notre domination de la nature. Or cette illusion perverse nous a précipités au contraire dans un destin tragique. » – Simon Charbonneau (2020)

Cela fait 15 ans que nous constatons des récoltes en baisse dans les ruches, des colonies plus faibles, des parasites et des prédateurs plus largement présents et infligeant plus facilement des dégâts, des saisons qui n’en sont plus, des cours d’eau qui sont secs de plus en plus longtemps … Il n’y a pas que le secteur du ski qui va trinquer dans 5 ans, il faut s’attendre à quelque chose de plus violent.

Tapis abeilles mortes maladie noire

Dorénavant, les années se suivent, mais ne se ressemblent pas du tout, et nous composons donc avec de nombreuses inconnues qui nous incitent à prendre suffisamment de précautions pour voir les dégâts venir. On le disait le mois précédent, la première des précautions a été de déplacer les ruches de la Haute-Savoie vers des zones climatiquement plus favorables en début de saison.

Comment se déroule le transport ?

Premièrement, on définit la destination en fonction de l’environnement floral. Notre communauté sur les réseaux sociaux nous a bien aidé en nous proposant des lieux d’accueil.

Genet en fleurs

Deuxièmement, on prépare la colonie à se déplacer dans la journée (on vérifie qu’elle ne manque de rien) et on attend la nuit pour la fermer. Les abeilles sont des insectes diurnes, ce qui veut dire qu’à la tombée de la nuit, la colonie est au repos dans la ruche après une grosse journée de travail. C’est donc le bon moment pour fermer la porte et la charger dans le camion sans souci.

Troisièmement, il s’agit d’être efficace et doux. Pas simple, mais il faut limiter les secousses pour éviter de blesser la reine par exemple. L’apiculteur doit faire preuve d’une main de fer dans un gant de velours …

Quatrièmement, lorsqu’on arrive sur place, on dispose des palettes pour accueillir les colonies. Pesant 30 à 50 kg en moyenne, la tâche se révèle vite épuisante. Une fois qu’elles sont toutes installées, on ouvre les portes, et plusieurs dizaines d’abeilles s’envolent rapidement pour retrouver leur liberté.

Ruches parrainées particuliers Velaux

Dans les jours qui suivent, les butineuses effectuent des vols de reconnaissance des lieux pour prendre de nouveaux repères, et ainsi retrouver facilement la position de leur habitation.

Et la suite ?

La suite débute par la traditionnelle visite de printemps.

C’est une inspection clé qui nous permet de remettre le nez au milieu de milliers de butineuses et d’évaluer leur capacité à produire du miel pour la saison qui se profile. On contrôle l’état sanitaire : odeurs, propreté et présence de déchets, pression en varroa et présence de maladie. On retire et nettoie de suite les colonies mortes pour éviter qu’elles ne deviennent des cibles à piller ou à coloniser pour la fausse teigne.

Pour la visite, on a attendu que la température extérieure soit supérieure à 15 degrés avec un beau soleil et peu de vent. On est alors attentif au comportement des abeilles à l’ouverture, à l’aspect des cadres, aux provisions restantes, à la qualité et quantité du couvain (partie des cadres qui contiennent les œufs, les larves, et les nymphes), et enfin à la reine.

Cadre couvain

Un cadre de couvain magnifique, les cellules dorées et fermées, celles plus blanches sur le haut contiennent du miel.

L’élevage des jeunes abeilles a justement bien repris et les réserves de miel diminuent rapidement. Par précaution, on a ajouté un bloc de pâte sucrée qu’elles vont consommer en quelques jours. Dans l’ensemble, les reines sont en forme, le couvain est joli, et la population va augmenter dans les jours à venir. Ces jeunes abeilles joueront le rôle d’architecte d’intérieur pour finaliser la construction des 10 cadres dans lesquels la reine pourra pondre. Une fois que ce sera fait, on ajoutera une hausse (compartiment supérieur) pour leur donner de la place et y stocker du miel.

Lors de notre passage, on a constaté que les abeilles profitaient de la floraison des cerisier, cognassier, saule, prunellier, romarin, laurier-tin, pour rapporter des pelotes de pollen de toutes les couleurs. Une belle explosion de couleurs !

Cognassier

Un cognassier dont le pollen n’est pas rouge comme pourrait le laisser croire ses fleurs, mais orange.

Le moment formation

Formation Boucieu-le-Roi

Au cours de la visite, nous étions accompagnés par les propriétaires des terrains sur lesquels les ruches sont installées. Ils nous ont donné un bon coup de main et ont pu découvrir le fonctionnement d’une ruche. Émerveillement et dizaines de questions lorsque les cadres couverts de milliers d’abeilles émergent du corps de la ruche. Bien que le travail soit rude et éprouvant, on est toujours ravis de pouvoir partager cela.

Rendez-vous le mois prochain pour évoquer l’essaimage et la préparation de la première récolte !

L’équipe Confidences d’Abeilles 🌺🐝