Abeille butinant un prunier

Si une bonne partie du pays est à l’arrêt, ce n’est clairement pas le cas des abeilles qui entament la période de croissance la plus forte de toute l’année ! Bientôt 1 000 à 2 000 abeilles vont naître chaque jour, portant la population totale d’une ruche aux alentours de 50 000 individus ! Elles nous obligent donc, nous les apiculteurs, à les accompagner de près pour leur offrir le volume de vie (la ruche) adéquat selon la dynamique de développement propre à chaque entité. C’est tout l’intérêt d’avoir des ruchers homogènes.

La visite du 9 avril nous a permis de constater le beau développement en Ardèche et à Lyon. Les colonies auxquelles nous avions donné des cadres neufs à construire, avec une simple feuille de cire, les avaient déjà terminés ou bien avancés. Ci-dessous l’introduction d’un cadre neuf à gauche, et une construction avancée à droite.

Construction cadre cire

Les floraisons s’accélèrent, le nectar rentre rapidement, et le temps est au beau fixe. Ces essaims que nous avons créés en fin d’année 2019 se développent très vite et nécessitent plus de place pour poursuivre leur croissance. Si on ne leur donne pas, ils vont vouloir essaimer. Pourtant, il ne faut pas brutalement doubler le volume au risque de refroidir fortement le cœur de la ruche et donc le couvain. Les abeilles vont s’activer pour produire plus de chaleur, vont consommer plus, et c’est un risque sachant que des épisodes de froids sont encore possibles en mai (cf 2019). Il y a donc un juste milieu à trouver entre suffisamment de place pour éviter l’essaimage et trop de place qui « jetterait un froid » sur la croissance.

Qu’est-ce que l’essaimage et pourquoi veut-on l’éviter ?

Compilation essaims

C’est le mode de développement et de croissance naturel de l’espèce Apis mellifera, qui assure sa pérennité depuis des millions d’années. Plusieurs facteurs plus ou moins compris et maîtrisés par les apiculteurs entraînent une colonie à se scinder en deux. La « vieille » reine part fonder une nouvelle colonie avec la moitié de ses filles et laisse dans la ruche d’origine suffisamment d’abeilles et de provisions pour qu’un nouveau monarque reprenne la direction de la colonie initiale.

Forcément, les récoltes de l’année sont compromises et l’apiculteur cherche à éviter au maximum l’essaimage. Il peut jouer sur plusieurs paramètres comme le choix de lignées connues pour ne pas essaimer (c’est-à-dire choisir des reines qui essaiment peu) et bien sûr accompagner au mieux ses colonies. La première de ses actions est de leur faire construire de nouvelles cires.

Nouvelle cire naturelle

Que ce soit dans le corps (lieu de vie de la colonie) ou dans la hausse (lieu de stockage du miel), il y a 3 raisons :

  • Occuper les jeunes abeilles, celles qui produisent de la cire et éviter qu’elles ne déclenchent la fièvre d’essaimage.
  • Renouveler la cire présente dans le corps des ruches qui, année après année, accumule des polluants, des facteurs de maladie, et qui ne permet pas un beau développement du couvain. On a constaté que la reine préfère pondre dans les cadres neufs à peine étirés, plutôt que dans les vieux.
  • Améliorer la qualité du miel produit puisqu’il est stocké (dans la hausse) dans de belles cires que nous leur laissons construire de A à Z. Cela permet aussi de consommer sans crainte le miel en rayon et la cire dans laquelle il est présenté.

Reine carnica

Le second point d’attention est l’âge et la qualité des reines à la tête de chacune des entités du cheptel. Plus la reine est âgée et plus ses capacités à pondre et imposer sa présence diminuent, les abeilles perçoivent ses faiblesses et peuvent décider dans un coin d’élever une prétendante au trône. Cette dernière poussera sa mère à aller voir ailleurs en formant un essaim. C’est probablement ce qu’il s’est produit sur un rucher situé non loin du nôtre, des essaimages à répétions, alors que nos jeunes reines jouent pleinement leur rôle et tiennent dans le rang leurs filles. On croise les doigts pour que cela reste ainsi.

On prépare la première récolte

Pose hausse forêt

Étonnamment, c’est au milieu de cette forêt de pins clairsemés que les colonies se portent le mieux. Le développement est impressionnant, les corps sont presque saturés d’abeilles et il était nécessaire de leur donner plus de place en ajoutant une hausse. C’est le compartiment supérieur composé de 9 cadres dans lequel on récolte le surplus de travail des abeilles !

Corps ruche abeilles

Un corps de ruche entièrement occupé par les abeilles.

Les ressources florales vont se multiplier dans les jours à venir (saule, fruitier, genêt, acacia, glycine) et les abeilles vont rapporter de plus en plus de nectar. Nous allons surveiller de près et rajouter une 2ème hausse si besoin. On vous en dit plus le mois prochain après la floraison des premiers acacias.

Glycine

Une glycine visitée par nos abeilles et photographiée par Stéphanie.

L’équipe Confidences d’Abeilles 🌺🐝